05.11.2022
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Pixee Medical développe une nouvelle génération d’outils de chirurgie assistée par ordinateur utilisant la réalité augmentée et la réalité mixte. Entretien avec Sébastien Henry, son fondateur, qui revient sur le parcours de l’entreprise et l’histoire commune avec UI.
L’aventure de Pixee Medical a débuté en 2016. Comment en êtes-vous arrivé à créer cette entreprise ?
Si on rembobine le fil, et en fin d’études d’économétrie, tout part d’une réponse à une petite annonce « Recherche statisticien pour un fabricant d’implants chirurgicaux », basé sur mes terres de Montbéliard. Trois ans plus tard, cap sur le Canada où je rencontre une entreprise de chirurgie assistée par ordinateur qui recherchait un directeur logistique. Le jour J, le DRH ne m’a pas dit « est-ce que tu as les diplômes pour le faire » mais « est-ce que tu te sens capable de le faire ». Une fois revenu en France, j’ai été chargé de développer l’activité sur l’Europe. Mais depuis quelques années déjà, le virus de l’entrepreneuriat était en moi. En 2011, je crée OneFit Medical, autour de services liés à la chirurgie orthopédique. Le décollage est fulgurant et je m’adosse à un industriel. En 2017, je me mets sur pause et prends une année sabbatique ce qui me permet également, sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, de réfléchir à mon prochain défi : ce sera Pixee Medical.
En quoi consiste votre solution ?
La technique avec navigation chirurgicale par réalité augmentée est réalisée à l’aide d’un logiciel dédié et de lunettes spécifiques portées par le praticien au cours de l’intervention. Elles capturent les informations relatives à l’anatomie du patient, traitées en temps réel afin de fournir des repères guidant le chirurgien dans la réalisation des coupes osseuses (nécessaires à la mise en place des implants). Ça répond à plusieurs enjeux : raccourcir les séjours hospitaliers voire faire de l’ambulatoire, proposer de la chirurgie moins invasive, garantir le bon alignement tibia-fémur, alors qu’aujourd’hui 25% des opérations sont en défaut sur ce point… Les avantages sont nombreux par rapport à une chirurgie classique ou assistée d’un robot qui nécessite de lourds investissements et la présence continue d’un ingénieur. Notre solution a été définitivement validée lors des premières mondiales que nous avons effectuées à l’Hôpital Lariboisière en 2020, puis au Massachusetts General Hospital de Boston aux Etats-Unis en 2021.
Sébastien Henry, CEO de Pixee Medical
Votre business model ?
Il est aussi innovant que la technologie. Notre solution est 100 fois moins onéreuse qu’un robot et nous n’avons pas de consommables à proposer au client, qui pourraient générer un fonds de commerce. Faire autrement, c’est donc une facture à l’usage, à chaque fois qu’un chirurgien opère dans le monde en utilisant Pixee. Comme des royalties. Et lorsqu’on sait que 3 millions de prothèses de genoux sont posées chaque année dans le monde, les perspectives sont prometteuses.
Quel a été l’accueil des chirurgiens ?
Excellent accueil. De par la facilité d’utilisation – 2h de formation suffisent – et du confort que cela amène au praticien. Avec Pixee, il limite son incision, garantit la pose optimale de l’implant et surtout n’est pas dépossédé de son rôle. L’outil ne le remplace pas. Je dis souvent qu’il permet de le transformer en un « chirurgien augmenté », avec une vision bionique, au travers de la peau.
Comment voyez-vous le développement de l’entreprise ?
Nous en sommes aujourd’hui à 5 000 interventions en deux ans. Nous nous projetons déjà sur d’autres chirurgies orthopédiques, comme l’épaule, la hanche ou encore le rachis. Cette révolution va en générer automatiquement plein d’autres, c’est sans limite. Nous allons également progresser dans le domaine de la connectivité. L’outil de navigation génère énormément de données, à nous d’imaginer comment elles vont pouvoir transformer encore la pratique du chirurgien au bénéfice final du confort du patient. Et pour ça, je peux compter sur l’engagement des 40 collaborateurs de Pixee. Un récent baromètre interne a montré qu’ils sont très sensibles à la mission que nous nous sommes fixée, à savoir développer un produit qui répond aux attentes des patients.
« Il est absolument indispensable d’être accompagné par un fonds bien ancré territorialement. UI est présent à Besançon, il connaît les acteurs locaux et régionaux. »
Le rôle d’un fonds comme UI dans l’accompagnement de Pixee Medical ?
Avec UI, nous nous sommes connus du temps de OneFit, en 2011. Et depuis, nous sommes restés fidèles l’un à l’autre. De mon point de vue, il est absolument indispensable d’être accompagné par un fonds bien ancré territorialement. UI est présent à Besançon, il connaît les acteurs locaux et régionaux, il connaît parfaitement le territoire. Avec lui, nous préparons une nouvelle levée de fonds significative qui nous permettra de financer notre conquête commerciale des Etats-Unis puis celle de l’Asie à partir de 2024, tout en développant de nouveaux produits et services.
Société indépendante et spécialiste du développement des entreprises françaises non cotées, UI s’engage et s’investit, depuis plus de 50 ans, aux côtés de dirigeants de start-up, PME et ETI en croissance pour faire émerger et développer des entreprises économiquement et durablement performantes.
UI Investissement gère près d’1,5 milliard d’euros et s’investit auprès de 300 dirigeants dans des secteurs d’activité essentiels à la société comme la santé, l’agro-business ou les services et l’industrie. Le capital développement et transmission, cœur historique de l’activité d’UI, représente plus de la moitié de l’actif sous gestion et une cinquantaine d’entreprises qui peuvent s’appuyer sur l’expertise opérationnelle et les outils méthodologiques d’UI. En parallèle, les équipes et véhicules d’investissement dédiés à l’innovation et à la consolidation permettent d’accompagner les entreprises tout au long de leur cycle de vie et de contribuer au dynamisme économique des territoires.
UI s’appuie aujourd’hui sur plus de 70 salariés et 13 implantations régionales à Besançon, Clermont-Ferrand, Dijon, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Nantes, Orléans, Reims, Rennes et Strasbourg en complément de ses équipes de Paris.